En juin 1944, le premier bataillon du Suffolk Regiment reçoit le rôle de compagnie de renfort de la 8ème Brigade d’infanterie chargée au sein de la troisième division britannique de prendre d’assaut la plage codée “SWORD” située entre Ouistreham à l’Est et Lion sur Mer à l’Ouest. Le régiment a suivi un entraînement spécifique et intense comportant plusieurs exercices de débarquement sur les côtes de l’Ecosse et de l’Ile de Wight.
La mission du premier Bataillon du Suffolk Regiment est de débarquer une heure après les deux bataillons d’assaut (2ème bataillon East Yorkshire Regiment et 1er bataillon South Lancashire Regiment), de traverser les défenses côtières, de nettoyer le village de Colleville sur Orne à 2,5 Km dans les terres, de s’emparer d’une batterie de canons sous casemates blindées (nom de code : Morris) et enfin de prendre d’assaut le quartier général allemand du secteur abrité dans une position fortifiée (nom de code : Hillman) située au sud du village.
Le premier Bataillon du Suffolk Regiment bénéficie du soutien d’un escadron de chars du 13/18e Royal Hussars, de deux batteries des 76e et 33e Regiment Royal Artillerie, d’un détachement de la 246e compagnie du Royal Engineers (génie), d’un peloton de mitrailleuses du 2e bataillon du Middlesex Regiment et d’un détachement du 8e d’Ambulance. Enfin, les positions fortifiées doivent subir avant l’assaut un bombardement aérien et naval.
Le débarquement
Dès son arrivée à terre vers 8h30, le Bataillon est soumis aux tirs adverses encore dirigés sur les plages et subit ses premières pertes. Après regroupement avec blindés de soutien dans la zone prévue, l’unité entame la progression vers Colleville. Elle rejoint alors vers 10h30 la 1re Special Service Brigade de commandos commandée par Lord Lovat qui oblique vers le sud-est en direction de Bénouville et le pont “Pegasus Bridge”.
La compagnie C, soutenue par quelques blindés commence la libération de Colleville peu défendue par quelques snipers .
La compagnie B prépare une attaque en règle de la position Morris à l’ouest du village, intacte malgré les bombardements aérien et naval. Les 67 défenseurs ont cependant été fortement choqués et se rendent avant le déclenchement de l’attaque par l’infanterie. La position est définitivement nettoyée à midi.
La compagnie A subit des pertes après avoir traversé le village alors qu’elle prépare l’attaque de Hillman. Cette préparation est fortement gênée par la mort des officiers chargés d’assurer la liaison avec les navires de bombardement. De plus, les appareils radios fonctionnent très mal : en conséquence, le site ne subira donc pas de bombardement naval. Enfin, les premières reconnaissances menées par le régiment amènent à la découverte de l’existence de coupoles blindées sur le site. Cet élément de défense avait échappé aux reconnaissances aériennes des alliés.
La prise de Hillman
A 13h10, une préparation d’artillerie est dirigée sur Hillman. Cinq minutes plus tard, les compagnies A (renforcée avec un peloton de la D), B et C se lancent à l’assaut. Gênés par les barbelés et les champs de mines, les hommes sont fauchés par les mitrailleuses allemandes. Les coupoles sont intactes malgré le bombardement préliminaire. Les assaillants refluent vers leur position de départ avec plusieurs pertes.
Une seconde attaque est alors mise sur pied. Des sapeurs sont envoyés pour dégager des couloirs dans les réseaux de barbelé et les champs de mines.
L’attaque reprend vers 16h30 après une nouvelle préparation d’artillerie. Des chars empruntent les couloirs dégagés et permettent ainsi aux fantassins du Suffolk Regiment de s’approcher des nids de mitrailleuses et surtout des coupoles qui tirent toujours sans discontinuer. L’une d’elle est cependant neutralisée par le soldat Hunter qui s’est très dangereusement exposé pour s’en approcher. Peu à peu les Britanniques parviennent à neutraliser tous les emplacements de tir. A 20 h, le Suffolk Regiment a fait 50 prisonniers sur le site et a dégagé au sud la ferme de Beauvais également fortifiée par les allemands. Il se met alors en position de défense dans la crainte d’une contre-attaque de blindés allemands signalés au nord de Caen.
Le site réserve cependant encore une surprise aux soldats du Suffolk : le Colonel Krug, commandant le 736e Régiment de grenadiers allemands est resté enfermé dans un blockhaus avec 70 hommes. Il arrive à joindre par téléphone son supérieur le Général Richter de la 716e Division à son poste de commandement établi dans un souterrain près de Caen (le souterrain existe toujours et fait partie du Mémorial pour la Paix). Le Colonel expose sa situation : “L’ennemi est sur mon blockhaus, je n’ai aucun moyen de lui résister et je n’ai aucune communication avec mes hommes. Que dois-je faire ? “. Le Général, après concertation avec d’autres officiers témoins de la scène (Général Feuchtinger commandant la 21e panzer division et Colonel Meyer commandant un régiment de la 12e SS panzer division) répond à l’assiégé qu’il ne peut plus lui donner d’ordre et le laisse maître de sa décision.
Le 7 juin 6 h 45, le Colonel Krug et ses hommes se rendent aux britanniques.
Bilan
Le premier bataillon du Suffolk Regiment a atteint les objectifs qui lui avaient été fixés pour le Jour J et a fait environ 200 prisonniers.
Ses pertes sont de 7 tués et 25 blessés.
Les troupes de soutien ont également souffert : 1 mort et 7 blessés pour les blindés du 13/18 Hussars, 1 blessé pour le Royal Engineers, 1 mort et 6 blessés pour le 2e Middlesex Regiment et enfin plusieurs officiers de liaison d’artillerie.